lundi 29 juin 2020

Soixante ans après la colonisation, la RD Congo n’est pas indépendante


Devrions-nous commémorer les "fêtes d’indépendances" ? Pourquoi les élites ne s’interrogent pas profondément à ce débat et jubilent pour les anniversaires d' "indépendances" ? A qui profite l'illusion indépendantiste 

« Qui connait son histoire et forge son destin, ne peut être soumis par l’Homme »-Wole Soyinka.
Pour éclairer notre prise de position concernant la commémoration des "fêtes d’indépendances" de l’Afrique en général et de la RD Congo en particulier, nous allons baser notre réflexion sur deux aspects historiques. D’une part, la période coloniale qui a donc suivi la conférence de Berlin et, d’autre part, la période après les "indépendances" (colonisation déguisée). Nous allons par ailleurs porter une attention particulière sur quelques faits ou conséquences économiques, politiques, sociales, culturelles de la colonisation et du néocolonialisme.
Pendant la colonisation, les puissances coloniales ont eu des nouveaux marchés pour leurs industries. Elles découvrent les ressources naturelles (bois, caoutchouc, défenses d’éléphants, …), les matières premières pour leurs industries, les nouvelles possibilités d’enrichissement. Ces causes que nous dénonçons aujourd’hui ont eu de nombreuses conséquences sur le développement des Etats Africains.

La grande conséquence c’est la division émiettée de l’Afrique en petits Etats fragiles et faibles. Le vol ou l’exploitation des ressources, les travaux forcés (cas de l’exploitation du caoutchouc) avec des millions des morts, la déstructuration des communautés, la spoliation ou la falsification des cultures,…
Après les "indépendances" nous assistons, sauf de tourner le dos au miroir, à la colonisation déguisée que la littérature qualifie du "néocolonialisme". Les mêmes causes coloniales sont toujours visibles avec bien sûr des mutations profondes. Par exemple, les valeurs occidentales sont imposées comme le modèle à suivre. L’homosexualité en est une illustration. Le sous-développement de l’Afrique ou l’euphorie du paradigme de développement devient une raison d’aliénation moderne de l’Afrique. Dans l’ "ordre" ou le "désordre" mondial ainsi établi, l’Afrique y est un acteur figurant. Comme le dit très bien Steve Jobs, je cite « Ne soyez pas prisonniers des dogmes qui obligent à vivre en obéissant à la pensée d’autrui ». Eh bien, l’Afrique est prisonnière du dictat occidental.
Rappelons en passant qu’au lendemain des "indépendances", s’en est suivi des accords politico-militaires et économiques.

Nous ne devrions/devons pas commémorer les indépendances non acquises. Certes, ces dates marquent la lutte des africaines (de nos héros) qui avait été amorcée pour une Afrique unie et indépendante. Au-delà des causes endogènes de la colonisation (l’absence de l’unité et l’impact de la traite négrière), l’Europe a colonisé l’Afrique pour des visées économiques, politiques, scientifiques et sentimentales. Les mêmes causes produisent les mêmes effets dit-on. L’absence de la rupture perpétue le néocolonialisme. Par ailleurs, notons qu'aucune nation n’est indépendante à 100 %. Mais la dépendance de la plupart des Etats africains est inquiétante dans plusieurs secteurs de la vie.
Nous nous permettons d’affirmer que la RD Congo n’est pas indépendante. Sur le plan politique et sécuritaire, nous connaissons la présence des forces étrangères pour le maintien de la ''paix" depuis plus de deux décennies. Économiquement, rendez-vous dans un supermarché et vérifiez les catalogues ou l’origine des produits qui s’y trouvent, vous verrez qu’environ 90 % des produits sont importés. Une triste réalité qui illustre mieux la dépendance. Le néocolonialisme décrit la politique impérialiste menée par l’ancienne puissance coloniale vis-à-vis de l’ancienne colonie utilisant diverses méthodes d’influence et de domination, à son propre intérêt ainsi que celui de ses entreprises. « L’Afrique consomme ce qu’elle ne produit pas et produit ce qu’elle ne consomme pas ». Cette citation illustre mieux cette domination. Jack Ma renchérit en ces termes, « Si vous mettez des bananes et de l’argent devant des singes, les singes choisiront des bananes parce que les singes ne savent pas que l’argent peut acheter beaucoup des bananes ».  
Il existe une voie de sortie. La solution salvatrice devrait être de repenser notre propre modèle de développement à travers une rupture avec les tares modernes des colonisateurs. Ils sont de toutes les races mais leur complicité est inique avec notre "élite". Cette rupture sera possible par la transformation profonde de nos économies. Kako Nubukpo (2019) propose de sortir du modèle de croissance mortifère, car c’est dans la transformation des matières premières qu’on crée des emplois, de la valeur ajoutée et donc des revenus. Et également, l’apprentissage aux africains de leur propre histoire et non pas celle des vainqueurs. C’est à travers la connaissance de notre propre histoire que l’Afrique sera indépendante après une véritable rupture telle que suggérée par Abwa Daniel.

1 commentaire:

  1. Cher Daniel,

    Merci de nous ramener vers le fondamental en prenant position sur une question qui reste tabou et ne se verse pas aux débats dans des forums, dans des espaces de rencontre et de partage de parole -de la jeunesse-.

    Mon commentaire va tenir à un seul concept : P E R F U S I O N.

    Pour essayer de sortir de cet engrainage mortifère machiné par les métropoles et les pays dit « puissants », il faut arriver à briser la perfusion imposée -sous forme d’aide au développement/au sous-développement. Lire à ce sujet D. MOYO-, trouver des voies qui sortent des pensées classiques bâties et recentrer l’attention sur l’ A F R O -A. MBEMBE, F. SARR, S. BALOJI-.

    Un ami m’a défié il y a deux jours et m'a demandé de lui trouver, dans les plus de 450 dialectes parlés au KONGO le concept « corruption ». J’en ai été incapable. Et de ce point de vue, tu comprends mieux que moi que notre énergie à vouloir mimer tout ce qui vient de l’occident et prendre ça pour modèle nous maintient dans cet état de stagnation et d’aliénation sans qualification.

    J’ai suivi sur une chaîne de télé, l’intervention de Mr. Poésident (un artiste qui trouve de l’aise dans la manipulation des mots). Son analyse est très édifiante. Je te laisse suivre son intervention : https://www.instagram.com/p/CCVy-2ynz4C/?utm_source=ig_web_copy_link

    Au concept P E R F U S I O N, je me permets d’ajouter celui de D E C O L O N I S A T I O N.
    Nous devons arriver à nous décoloniser. Briser cette obsession à suivre les discours de condescendance, décoloniser la pensée, décoloniser le savoir, la science, les mœurs, … et revenir vers nos fondamentaux. Ce n’est que de cette manière que nous arriverons à tracer notre propre téléologie et espérer notre épanouissement et celui des générations futures.
    Notre part de responsabilité est de taille et c’est maintenant que nous devons la manifester.

    Décolonisons-nous de la perfusion imposée par une caste mercantiliste !

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